Les assis - Léo Ferré

Les assis - Léo Ferré

Альбом
Au théâtre Libertaire de Paris
Год
1986
Язык
`Francês`
Длительность
206560

Abaixo está a letra da música Les assis , artista - Léo Ferré com tradução

Letra da música " Les assis "

Texto original com tradução

Les assis

Léo Ferré

Noirs de loupes, grêlés, les yeux cerclés de bagues

Vertes, leurs doigts boulus crispés à leurs fémurs

Le sinciput plaqué de hargnosités vagues

Comme les floraisons lépreuses des vieux murs

Ils ont greffé dans des amours épileptiques

Leur fantasque ossature aux grands squelettes noirs

De leurs chaises;

leurs pieds aux barreaux rachitiques

S’entrelacent pour les matins et pour les soirs !

Ces vieillards ont toujours fait tresse avec leurs sièges

Sentant les soleils vifs percaliser leur peau

Ou, les yeux à la vitre où se fanent les neiges

Tremblant du tremblement douloureux du crapaud

Et les Sièges leur ont des bontés: culottée

De brun, la paille cède aux angles de leurs reins;

L'âme des vieux soleils s’allume, emmaillotée

Dans ces tresses d'épis où fermentaient les grains

Et les Assis, genoux aux dents, verts pianistes

Les dix doigts sous leur siège aux rumeurs de tambour

S'écoutent clapoter des barcarolles tristes

Et leurs caboches vont dans des roulis d’amour

— Oh !

ne les faites pas lever !

C’est le naufrage…

Ils surgissent, grondant comme des chats giflés

Ouvrant lentement leurs omoplates, ô rage !

Tout leur pantalon bouffe à leurs reins boursouflés

Et vous les écoutez, cognant leurs têtes chauves

Aux murs sombres, plaquant et plaquant leurs pieds tors

Et leurs boutons d’habit sont des prunelles fauves

Qui vous accrochent l’oeil du fond des corridors !

Puis ils ont une main invisible qui tue:

Au retour, leur regard filtre ce venin noir

Qui charge l’oeil souffrant de la chienne battue

Et vous suez, pris dans un atroce entonnoir

Rassis, les poings noyés dans des manchettes sales

Ils songent à ceux-là qui les ont fait lever

Et, de l’aurore au soir, des grappes d’amygdales

Sous leurs mentons chétifs s’agitent à crever

Quand l’austère sommeil a baissé leurs visières

Ils rêvent sur leur bras de sièges fécondés

De vrais petits amours de chaises en lisière

Par lesquelles de fiers bureaux seront bordés;

Des fleurs d’encre crachant des pollens en virgule

Les bercent, le long des calices accroupis

Tels qu’au fil des glaïeuls le vol des libellules

— Et leur membre s’agace à des barbes d'épis

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